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Fin de mandat du président de l’Interprofession du Gruyère AOC
Empreint d’une certaine émotion,
Pierre Dubois a présenté, dans la salle des Chevaliers du Château de Gruyères,
son dernier rapport présidentiel. Il s’est ainsi attelé à la difficile tâche de
résumer quatorze années passées au côté de « son » fromage.
Commémorant les débuts « rudimentaires » marqués par l’absence de
locaux et le peu de personnel, il a souligné son grand respect pour le travail
accompli par son directeur Philippe Bardet et par l’ensemble des acteurs de
l’Interprofession. Un travail qui a amené le Gruyère à obtenir son AOC en 2001
et la première place des fromages suisses tant du point de vue du volume
produit « que de sa qualité, largement récompensée dans de nombreux
concours nationaux et internationaux ».
« Le succès de notre
Interprofession s’explique par l’équilibre, même un peu instable, mais
égalitaire des trois groupes professionnels – producteurs, fromagers et
affineurs – la constituant. Ils se sont parlés et se sont affrontés. Mais ils
ont toujours décidé à l’unanimité et la décision une fois prise a été
appliquée », souligne-t-il. A ce jour la formule semble fonctionner, le
Gruyère AOC est un produit en bonne santé. Les volumes produits et vendus sont
stables, les exportations en hausse (+9% par rapport à 2009), la qualité et la
notoriété toujours au rendez-vous.
Défis
multiples
Mais ce constat pourrait faire
tomber l’IPG « dans un optimisme béat », s’inquiète Philippe Bardet
directeur de l’IPG, alors que deux gros nuages pointent à l’horizon. Il s’agit
d’abord de l’augmentation des importations mais surtout de la baisse
continuelle des taux de change des monnaies des principaux pays importateurs. Le
premier point fait réagir le directeur : « Notre filière va s’engager pour
garder le cap de la quantité et de la qualité en 2011 afin de poursuivre la
promotion de notre fromage tant en Suisse que dans le monde ». Le second problème
le laisse plus démuni car la solution n’est pas du ressort de
l’IPG : « Nous en appelons aux autorités fédérales et monétaires
afin qu’elles entreprennent tout ce qui possible pour remédier à cette
situation, porteur de tous les dangers », souligne Philippe Bardet.
Solutions
inadaptées
Face à cet avenir incertain, des propositions
ont été imaginées mais leur application semble difficile voir impossible. Réduire
les coûts de production en s’appuyant sur des intrants importés ? La
production d’un produit AOC n’est possible par définition qu’en Suisse avec des
matières premières indigènes. Diminuer le prix n’apporterait sur le marché helvétique ?
Aucune conséquence bénéfique, selon le directeur de l’IPG : « Notre
produit est déjà trop bon marché et, selon nos étude, le consommateur ne
discute d’ailleurs pas le prix ». Reste la solution d’augmenter le prix à
l’étranger mais là encore les conséquences s’avéreraient néfastes pour les
ventes. Sans compter le risque de « déréférencement », soit le fait de voir le Gruyère AOC retiré des
étals des distributeurs étrangers.
Et le directeur de conclure :
« La bataille n’est jamais gagnée, le travail jamais fini mais nous avons
la chance d’avoir un excellent produit ! »