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La vie des animaux de ferme : 40 ans de grands changements
Les conditions de vie des animaux de ferme ont beaucoup évolué, en Suisse, ces quarante dernières années. D’autant qu’il faut savoir que, jusqu’en 1981, il n’existait aucune loi sur la protection des animaux. Seul des effectifs maximums par exploitation avaient été définis une année auparavant via une ordonnance.
Dans un premier temps, la législation s’est focalisée sur l’espace dont devait disposer les animaux. Elle a établi, avec la première loi sur la protection des animaux (LPA) et l’ordonnance sur la protection des animaux (OPAn) de 1981, la surface minimum dont devait bénéficier chaque animal en fonction de son espèce, ainsi que le type de détention autorisé.
Parmi les grandes bénéficiaires de cette loi : les poules. Depuis 1992, l’élevage des volailles en batterie est interdit en Suisse. Un délai transitoire de 10 ans a permis aux différentes exploitations de se mettre en règle. Ce qui n’est pas le cas dans l’Union européenne. La détention de poules en cage reste autorisée. Elle devrait toutefois être bannie à partir 2027.
Une vie conforme aux besoins de l’espèce
En Suisse, les conditions de vie des animaux n’ont cessé de progresser au gré des connaissances scientifiques ainsi que des attentes de la population. A des normes quantitatives se sont rajoutés des aspects qualitatifs pour répondre à des objectifs essentiels : que l’animal puisse se comporter conformément à son espèce, qu’il ne souffre pas, ou encore qu’il ne subisse ni la peur ni de contraintes physiques.
Dans cet esprit, deux programmes de promotion du bien-être animal ont été lancé dans les années 1990 par la Confédération. Le premier implique des sorties régulières en plein air (SRPA). Le second, la mise en place de systèmes de stabulation particulièrement respectueux des animaux (SST), qui leur permet des déplacements libres, dans des diverses aires.
Alors, certes, les agriculteurs ne sont pas contraints de se soumettre à ces deux mesures, qui sont soutenues par des paiements directs. Toutefois, en fonction des espèces, 60 à 95% des animaux sont élevés dans des exploitations particulièrement respectueuses (directives SST) et 40 à 85% sortent régulièrement en plein air (directives SRPA).
Attache interdite pour les petits veaux
Un pas supplémentaire a été franchi en 1997, avec l’interdiction totale de maintenir attachés des veaux de moins de 4 mois. Ils doivent par ailleurs être détenus en groupe dès l’âge de deux semaines.
En 2008, via une ordonnance, un nouveau paquet de mesures contraignantes est venu une nouvelle fois améliorer les conditions de vie de l’ensemble des animaux. Ainsi, par exemple, tous les bovins qui ne sont pas détenus en stabulation libre doivent aujourd’hui pouvoir sortir au minimum un jour sur quatre. Les porcs, de leur côté, doivent avoir de quoi s’occuper en tout temps avec de la paille, du fourrage grossier ou d’autres matériaux semblables.
Moins de transports, moins d’antibiotiques
Les transports, qui sont une source de stress, ont eux aussi été réglementés. Ils ne peuvent pas excéder 8 heures au maximum. Dans les faits, ils sont même plus courts (moins de 2,5 heures en moyenne). A titre de comparaison, dans l’UE, il est par exemple permis de transporter des porcs 24 heures sans interruption.
On observe également une forte diminution dans l’utilisation des antibiotiques : 58% en moins en 12 ans. Cela reflète à la fois une volonté légale (loi et ordonnance de 2000) de réduire l’utilisation de produits vétérinaires, mais aussi toutes les améliorations apportées au bien-être animal ainsi que l’évolution des suivis au niveau de la santé.
Désormais, une grande majorité des poules suisses disposent de jardins d’hiver et de pâturages ; de nombreux porcs et bovins ont accès à des installations dignes de spa, comme des brosses massantes ou des douchettes rafraichissantes en été. Quant au recours à des médecines naturelles, comme l’ostéopathie ou l’acupuncture, il est aujourd'hui courant.
Plus d’offres que de demandes
Au fil des années, la Suisse s’est donc créée une des législations les plus strictes et les plus détaillées du monde sur la protection des animaux. Avec de nombreuses exigences minimums contraignantes. Pour s’assurer de leur respect, des contrôles, dont certains sans être annoncés, sont régulièrement effectués.
Des agriculteurs vont également plus loin que la législation obligatoire, en élevant leurs animaux sous différents labels. Toutefois les consommateurs, bien que réclamant des conditions de vie toujours plus respectueuses pour les animaux, se tournent peu vers eux. Ainsi, la part de marché de Bio Suisse pour les poulets de chair est inférieur à 3%. Quant aux producteurs suisses de porcs, ils pourraient fournir deux fois plus de viande labellisée que n’en demandent les consommateurs.
Pour en savoir plus
LA VIE DES POULES
La Suisse est le seul pays au monde à limiter le nombre de volailles par exploitation. Depuis, 1980, le nombre de poules pondeuses ne peut pas dépasser les 18’000. Avec une moyenne de 11'570 dans les exploitations qui les élèvent (47'100 en Allemagne). Par ailleurs, l’élevage en batterie n’existe plus depuis 1992, alors qu’il est encore autorisé dans l’UE où près de 50% des poules sont détenues ainsi. (Ce n’est plus le cas ni en Allemagne, ni aux Pays-Bas). Aujourd’hui, près de 85% des poules suisses vivent dans un poulailler avec un jardin d’hiver et un accès aux pâturages (programmes SST et SRPA). Et 97% des poulets de chair sont maintenus selon les normes SST. Quant à la coupe de bec, elle est totalement interdite, mais autorisée dans l’UE (exception pour les Pays-Bas).
LA VIE DES BOVINS
On compte en moyenne 29 vaches laitières par exploitation (72 en Allemagne) et 18 vaches allaitantes. 84% des bovins bénéficient du programme « sortie régulière en plein air » (SRPA) et 59% de celui de « stabulation libre » (SST). Ce dernier chiffre peu élevé s’explique par le fait qu’il faudrait réaménager ou reconstruire les étables. Toutefois, les bovins qui sont à l’attache doivent obligatoirement sortir au moins 90 jours par an (1 jour sur 4) dont 30 jours en hiver. Quant aux veaux de moins de 4 mois, il est interdit de les maintenir à l’attache, depuis 1997. En ce qui concerne l’écornage, il peut exclusivement se pratiquer avant l’âge de trois semaines et sous anesthésie. Pas d’anesthésie nécessaire en Europe. Elle est néanmoins obligatoire en Allemagne lorsque l’écornage est pratiqué après six semaines.
LA VIE DES PORCS
Avant les années 80, il n’existait pas de réglementations pour les porcheries (tant en matière de surfaces, d’aires de repos que d’éclairages. En janvier 1980, elles ont été soumises aux réglementations sur les effectifs maximums. Avec, un an et demi plus tard, l’interdiction d'élever des porcs à l’attache et des petits en batterie. A suivi, en 1997, l’interdiction des cages de gestations. Puis, en 2008, l’interdiction des caillebotis intégraux. (En Allemagne, 79% des porcs vivent encore sur des caillebotis intégraux). Aujourd’hui la moitié des éleveurs élèvent plus de deux tiers des animaux dans des porcheries à aires multiples, avec une aire de repos recouverte de litière et une zone d’activité avec un sol dur ou en caillebotis (programme SST pour les porcs). Par ailleurs, 50% des porcs bénéficient de sorties régulières en plein air (programme SRPA). Quant à la coupe de la queue encore très répandue à l’étranger, elle est interdite en Suisse.
Pascale Bieri/AGIR