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Marraines et parrains se bousculent pour la Reine des vaches
Emblème des alpages valaisans, la vache d'Hérens est au coeur d’un projet baptisé «Ma Reine de l’été». L'objectif: soutenir de manière originale le travail des éleveurs, mais aussi rapprocher agriculture et citadins, en faisant parrainer ces bovins, au corps fort et musclé, et souvent très affectueux, durant la saison estivale
Déjà déployé l'an passé sur un alpage, le concept a été étendu à quatre autres lieux cette année. «On ne s’attendait pas à un tel succès en lançant le projet pilote en 2022. L’ensemble des 105 bovins proposés à l’alpage de Tracuit (ndlr. sur les hauts de Vercorin, sur la commune de Chalais à 1900 m d’altitude) ont trouvé preneurs en moins de deux semaines.
Cette année, le même alpage affichait complet en l’espace de trois jours», se félicite Samuel Balet, 24 ans, à l'origine de ce parrainage développé durant sa formation au sein de la Business Team Academy à la HES-SO Valais-Wallis.
Se rapprocher de l'agriculture de montagne
Aux côtés de deux autres collègues, il a mis en place la plateforme edelalp.ch permettant de choisir une reine d’Hérens - en visionnant sa photo - et de la parrainer pour un montant de 275 francs.
Cet engagement convivial et solidaire pour les fromageries et les éleveurs alpant leur bétail pour un estivage de 90 jours sur les hauteurs du Valais est une occasion unique de se rapprocher de l’agriculture de montagne, comprendre ses défis et savourer, seul ou en famille, les dons généreux de la Reine de nos fromages à l’occasion d’événements ponctuels.
Une aide directe aux éleveurs
En 2023, ce sont au total 440 vaches d'Hérens qui ont été «très rapidement parrainées» sur l’alpage de Tracuit, l’alpage des Grands-Plans et de Mille (dans le Val de Bagnes respectivement à 1950 m. et 2200 m. d’altitude), l’alpage de Rotigen (dans le Haut-Valais, à 2400 m. d’altitude) et l’alpage de Balavaux (sur la commune d'Isérables à 1800 m. d’altitude). «Au final, on a réussi à récolter 44’000 francs d’aide directe aux éleveurs et 44’000 francs d’aide aux fromageries. Les dons contribuent à subventionner environ 1/3 de l’estivage du bétail.
Au-delà du soutien financier, les éleveurs sont très fiers et heureux de voir leurs bovins sollicités et regardés avec tant d’amour. C’est une forme de reconnaissance pour leur travail. C’est très beau à voir», partage Samuel. En contrepartie de leur parrainage, les donateurs reçoivent un certificat de parrains/marraines, une photo de leur filleule et un fromage AOP (de l'alpage de leur Reine), soit une meule de 4,5 à 5 kg après affinage d'une valeur de 100 francs. En plus de pouvoir rendre visite à leur Reine durant tout l'été, les donateurs sont invités à participer à 3 événements durant l’estivage.
Un concept étendu à d’autres races?
Au vu du succès rencontré ces deux années, se voit-il étendre le concept à d’autres races? «J’ignore si l’idée fonctionnerait avec d’autres types de bovins. La vache d’Hérens est très particulière. Elle est l’emblème phare du Valais et il y en a de moins en moins (ndlr. 6’224 individus inscrits au au herd-book). C’est aussi pour cela qu’on a lancé cette action, pour soutenir ces éleveurs passionnés.» Désormais, c’est aux côtés de Camille Besse, également étudiante au sein de la Business Team Academy, qu’il poursuivra le projet «Ma Reine de l’été». Et, il a une certitude: «L’année prochaine, on aimerait étendre à deux, voire trois alpages supplémentaires. On va évaluer les différentes possibilités.»
Parrains fidèles
A l’issue de la première année, 70% des personnes ont renouvelé leur parrainage, à l’image d’Albert Riesle. Ce retraité âgé de 81 ans a découvert l’action de parrainage dans plusieurs articles de presse en 2022. «Outre le soutien que j’apporte aux éleveurs, j’ai été touché par ces jeunes, encore aux études, qui ont lancé un projet d’une telle envergure. Ils ont osé et ont réussi. C’est admirable. J’avais envie de les soutenir aussi.»
Albert, qui habite à Leytron (VS), se rend deux fois par mois à l’Alpage de Tracuit depuis 2022: «Je dois faire 110 km pour monter là-haut, mais c’est super. J’aime créer des contacts. Il y a une ambiance extraordinaire aux alpages. Les personnes qui s’y rendent sont toutes animées par un sentiment de solidarité, de partage et d’envie de faire de nouvelles rencontres. On comprend aussi mieux les difficultés quotidiennes des éleveurs.»
Des moments conviviaux
Tout comme Albert, Beatriz Krähenbühl s’offre aussi régulièrement des moments bucoliques auprès de sa filleule, loin des écrans et du tumulte citadin. Adepte de la randonnée, sensible à la nature et à l’agriculture, parrainer une vache était une évidence pour Beatriz, 54 ans: «J’ai découvert le concept sur les réseaux sociaux. J’ai été immédiatement séduite par l’idée et je me suis inscrite pour devenir marraine en 2023. En me rendant sur la plateforme du projet, j’ai été attirée par un prénom: Brazil. Comme je suis d’origine brésilienne, je me suis dit qu’elle était pour moi.»
Sa filleule se trouve à l’alpage des Grands-Plans. «J’habite dans le Val de Bagnes. J’entends toujours les cloches des vaches. Je trouve les Hérens très câline. Je commence même à reconnaître Brazil au milieux du cheptel avec ses poils frisés sur la tête et le dos. J’ai appris énormément de choses sur ces vaches en discutant avec les éleveurs. Quand je monte à l’alpage, je passe toujours des moments très conviviaux.»
A chacune son caractère
Va-elle reconduire son parrainage l’année prochaine? «Oh que oui!», se réjouit-elle d’avance. Et Albert? «Je ne vais surtout pas abandonner!» Sa première filleule s’appelait Typhon. «Elle était super câline.» La seconde: Tahiti. «Elle, c’est une autre affaire! J’ai trouvé le nom sympa et exotique. Je me disais que se balader avec elle, c’est un peu comme se promener à Tahiti. Mais, contrairement à Typhon, elle ne se laisse pas du tout approcher! Elle a un sacré caractère!»
Si les vaches alpines peuvent avoir un tempérament très doux, elles peuvent aussi afficher un caractère téméraire. Combatives, telles des joueuses de rugby en championnat du monde, joueuses, parfois dormeuses, pour sûr les vaches d'Hérens ont toutes leur personnalité qui ne laisse pas indifférent.
Kalina Anguelova/AGIR
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