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Situation financière des exploitations agricoles : la menace d'une coupe plane
C’est avec des ciseaux géants que l’Union suisse des paysans (USP), l’Union suisse des paysannes et des femmes rurales (USPF) et la commission des jeunes agriculteurs (COJA) ont montré aujourd’hui à Berne pourquoi elles rejetaient résolument les plans d’économies du Conseil fédéral. Depuis le début de l’année, les exploitations agricoles doivent répondre à des exigences supplémentaires considérables en raison de décisions politiques. Au lieu d’indemniser les familles paysannes par une augmentation des paiements directs, l’État veut même réduire sa contribution. Ce à une époque où les exploitations doivent déjà se serrer davantage la ceinture en raison de l’augmentation des coûts de production, qu’elles n’ont pu amortir que partiellement par de meilleurs prix.
Le plan d’économies est particulièrement injuste, car l’agriculture n’est aucunement responsable du trou financier. Alors que les dépenses totales de la Confédération ont augmenté de 40 %, soit près de 24 milliards de francs, au cours des 12 dernières années, le budget agricole est stable depuis 20 ans. Par rapport au budget total, celui-ci a même fortement diminué. Il représente actuellement encore 4,5 % des dépenses fédérales. Or, le Conseil fédéral ne veut pas économiser où c’est opportun et où les dépenses ne cessent d’augmenter, mais là où elles sont faiblement liées. C’est pourquoi les familles paysannes devront elles aussi essuyer une réduction de 2 % de leur budget 2024 et deviennent ainsi les victimes d’une politique financière malvenue.
Avec sa décision, le Conseil fédéral s’attaque à un secteur déjà vulnérable sur le plan économique. Dans la région de montagne, plus de 80 % des exploitations ont un revenu inférieur au salaire comparable. Conformément à la loi sur l’agriculture, l’État doit « permettre aux exploitations remplissant les critères de durabilité et de performance économique de réaliser un revenu comparable à celui de la population active dans les autres secteurs économiques de la même région ». Dans la région de plaine, la situation est quelque peu plus reluisante, mais là aussi, l’atteinte de l’objectif reste lointaine avec 46 % des revenus en dessous de la barre du salaire comparable.
L’agriculture connaît un développement constant et peut se targuer de nombreux succès. Les investissements réalisés par les exploitations agricoles sont destinés à durer des décennies. Les jeunes agriculteurs∙trices sont actuellement confronté∙e∙s à des défis de grande envergure. Iels devraient au moins pouvoir compter sur la Confédération et sur l’indemnisation que prévoit cette dernière dans le contexte d’exigences toujours plus élevées. Autrement, l’État doit être prêt à faire des concessions, notamment au niveau des prestations. Ce n’est qu’ainsi que le coup de ciseaux peut être évité. L’USP, l’USPF et la COJA estiment que le fait de ne pas payer les prestations demandées constitue une atteinte au principe de la bonne foi. Elles demandent donc au Conseil fédéral de procéder à des coupes là où c’est opportun et de renoncer à son intention moralement condamnable d’économiser sur le dos des familles paysannes.
Communiqué de presse de l’Union suisse des paysans, de l’Union suisse des paysannes et des femmes rurales et de la commission des jeunes agriculteurs du 30 août 2023
Renseignements
Markus Ritter, président de l'Union suisse des paysans, tél. 079 300 56 93
Anne Challandes, présidente de l'Union suisse des paysannes et des femmes rurales, tél. 079 396 30 04
Leana Waber, co-vice présidente de la commission des jeunes agriculteurs, tél. 079 512 04 10